Au Pôle Thérèse Vohl à Laval, Aura Herbrik est coordinatrice de vie sociale au sein d'APF France handicap. Elle intervient en tant qu’animatrice socio-éducative niveau 2. Arrivée en 2007 au Foyer Thérèse Vohl, Aura est diplômée d’un DEFA (Diplôme d’État relatif aux Fonctions d’Animation), diplôme d’Education Populaire. Ayant le goût d’apprendre et de développer ses compétences, elle décide de suivre une formation professionnelle en Arts Appliqués section Illustration durant 3 ans en e-learning en 2021, en complément de son travail. Elle continue sa reprise d’étude en s’engageant dans le master en Sciences de l’Education « Education Tout au Long de la Vie » en e-learning à l’université Paris 8 depuis octobre 2023. « Je cumule le travail avec mes études que je suis le soir et le week-end, c’est un master recherche en sciences sociales." explique-t-elle.
Avant d’arriver au Foyer de Vie, Aura a travaillé 7 ans à l’hôpital de Mayenne dans les différents services de gériatrie. Durant cette expérience, elle mène des projets d’atelier Terre, ayant un CAP Tourneur en Céramique. « En psychiatrie, il y avait un centre en ergothérapie très dynamique avec des fours céramiques. On a fait des transmissions de savoir entre l’hôpital général & l’hôpital psychiatrique. En ayant acquis une expérience dans la réalisation d’expositions, d’ateliers terre et mes différents diplômes, mon profil correspondait à la mission d’intervenant social sur le Pôle Thérèse Vohl. » raconte Aura, avant de poursuivre « Quand je suis arrivée au foyer, les activités étaient présentes mais non formalisées, sans véritable visibilité notamment en termes de programme d’animation. C’est la première chose que j’ai mis en place. Des bénévoles étaient présents aussi, actifs et dynamiques, c’est ce qui m’a plu lors de l’embauche, mais sans structuration. C’est donc ce que l’on a souhaité développer pour formaliser leur participation. »
La médiation artistique est pour Aura, un levier très important en plus de participer au bien-être des personnes (salariés, résidents, visiteurs). Les peintures égayent les couloirs de l’établissement, et proposent du changement. L’ensemble des œuvres présentées par leur diversité et leur singularité favorise l’éveil artistique. Aura a donc souhaité développer cet axe-là grâce au réseau de l’artothèque de Laval pour faire venir des expositions de peinture, évènementielles, au sein du foyer. Au fur et à mesure des années, les artistes se portent volontaires pour exposer. Aujourd’hui, ces expositions participent à la vie sociale et culturelle de l’établissement. « Nous avons des exposants de qualité, et grâce à toutes ces années d’exposition, nous avons tissé un réseau d’artistes. Nous organisons régulièrement des vernissages. Les salariés, les résidents, les visiteurs et les familles apprécient cette dynamique culturelle et artistique. Ils reconnaissent la valeur ajoutée de cette initiative. On devient une sorte de musée, proposant une ouverture à et vers l’extérieur par le biais de l’art. » Aura coordonne intégralement cette action événementielle de la programmation à l’installation et à la communication.
En tant que coordinatrice vie sociale, Aura est en charge du suivi et de la coordination des bénévoles qui sont actuellement plus de 40. Après avoir signé la convention d’engagement réciproque, ils peuvent s’investir pour des missions d’accompagnements, de transports, ou de participation aux activités de l’établissement sur les deux structures. « Nous accueillons les bénévoles à partir de 16 ans. Les bénévoles peuvent effectuer des missions vie sociale, de transport. Nous les sollicitons notamment pour les ateliers organisés ou les sorties : à la demande des résidents ou sur proposition d’activités, je pense notamment aux sorties concerts… Par exemple, certains bénévoles accompagnent bientôt le concert de Gims. Il y a eu aussi eu Patrick Fiori, Patrick Bruel, Michel Sardou…. »
Les résidents adorent la musique, qui prend une place importante au sein des activités vie sociale. « En termes d’activités, nous proposons des ateliers danse et chorale, chaque semaine. Pendant des années nous proposions des ateliers percussions africaines. Au Foyer du Tertre, la musicothérapie fonctionne bien. » raconte Aura. Des professionnels extérieurs animent ces ateliers, grâce à leurs compétences dans leur domaine d’intervention. Les activités sont de qualité et correspondent bien aux attentes du public, leur permettant d’apprendre et de progresser dans une pratique culturelle et artistique tout en prenant du plaisir. En effet, l’impact n’est pas le même pour les bénéficiaires. La qualité des animations est au cœur de la préoccupation du foyer. « Tous les quinze jours, nous allons au conservatoire de Laval pour pratiquer la musique. Les résidents jouent du piano à queue, de la batterie, de la guitare électrique, du vibraphone et chantent… Pour permettre ces activités, des demandes présentant le projet sont saisies et déposé en mars pour l'année suivante ».
Nos publics ont beaucoup d’appétence pour la musique et sa pratique. Elle est présente depuis toujours dans leur vie, elle rassemble et apporte de la joie. Au foyer, les résidents ont une excellente culture musicale. Chacun peut la pratiquer à sa manière. « Certains ont une grande culture musicale, ils connaissent auteurs, compositeurs et interprètes… Nous sommes impressionnés par leurs connaissances lorsque nous organisons des piano-quizz. Ces ateliers sont vraiment bénéfiques. Il y a cette synergie qui s’opère, on voit que l’effet de groupe les rend plus forts, plus confiants. Par exemple, certains résidents qui chantent sont dépourvus de voix ou d’élocution mais en groupe la magie opère, la voix des uns combles celle des autres, et ça fonctionne. »
Pour la danse, c’est une volonté de l’établissement depuis plus de 10 ans, de proposer cette activité « Quand ils dansent, certains disent qu’ils ont l’impression de sortir de leur fauteuil. Ils se défoulent en musique et en rythme, arrivent à prendre confiance en eux, et à développer des capacités de mémorisation chorégraphique, des repères dans l’espace et dans le mouvement. »
Présente depuis 17 ans au sein du Foyer, Aura s’attache aux résidents qu’elle fréquente. Au-delà de l’attache qui peut naître, ce sont les parcours de vie de chacun qui provoquent inévitablement des émotions et force le respect. Elle évoque aussi les personnes qu’elle voie évoluer soit du fait de leurs maladies ou de leurs pathologies. Pour autant, elle ne perd pas de vue son optimisme et son énergie à toute épreuve. L’hétérogénéité des profils des personnes accueillies est d’une grande richesse et nécessite une grande capacité d’adaptation à l’humain. « La convivialité au sein de la structure est le mot d’ordre, que ce soit pour les bénévoles ou pour les salariés. Tout se fait avec une certaine facilité et beaucoup de recul. C’est cette énergie qui favorise également l'évolution des personnes accompagnées. Et cette dynamique, outillée de la culture, forme une synergie vertueuse. » poursuit Aura. « Quand je parle de culture, je ne parle pas uniquement de musique, la littérature prend également une grande place. Par exemple, nous avons un projet en partenariat avec l’association Lecture en Tête, qui permet des rencontres avec des auteurs de premier roman. La sélection des résidents pour participer à ce type d’ateliers se base sur leur engagement et leur assiduité aux ateliers. Globalement les groupes qui ont des projets communs et où les participants sont interdépendants sont sélectionnés sur la base de leur engagement. A contrario, pour la chorale, la participation est à la carte. Pour la danse, nous avons un groupe à la carte et un groupe confirmé où les résidents apprennent des chorégraphies. »
Le foyer accueille également des activités de médiation animale, c’est une demande des résidents. Sur un après-midi, 3 groupes de résidents durant 45 minutes, ont un temps privilégié avec des animaux (chiens, chat, lapins, cochon d’inde). « Les bénéfices sont incontestables. Le fait de ressentir le vivant, de prendre soin de l’autre stimule et éveille les sens. C’est également l’occasion de communiquer entre eux, de s’interpeller et de s’organiser pour accéder aux animaux avec lesquels ils veulent être en contact ».
Des ateliers Lego sont également organisés en partenariat avec l’association « J’ai la brique » qui prêtent des milliers de lego et de briques. Les résidents peuvent acheter une maquette que nous construisons avec eux, ou peuvent créer. Cette activité remporte un grand succès et génère de grands moments de convivialité autour de la création, de la construction.
En ce moment, le Pôle porte un grand projet avec les clubs handisports et le club Laval Handisport. Ce projet s’articule autour des jeux paralympiques. L’idée est de récolter des fonds en vue de la participation aux jeux paralympiques Paris 2024. 600 crêpes ont été réalisées et cuitent pour être vendues lors de représentations théâtrales dans un village de proximité.
Un défi solidaire aura lieu au moins d’avril autour de l’astronomie grâce à un planétarium qui sera installé dans la salle à manger, porté par deux associations l’OPL et Etincelle 53. Des familles pourront venir au foyer pour contempler un planétarium et construire des fusées à eau. 144 personnes sont attendues dans ce cadre.
"Nous nous autorisons beaucoup de projets au sein des établissements, les bénévoles y contribuent, ainsi que les salariés et les partenaires. J’ai une bonne partie de mon travail qui ne se voit pas, qui est la saisie, l’écriture des projets, la communication avec les acteurs, le suivi des factures et des devis…" poursuit Aura. L’animation vie sociale est possible grâce à tous les acteurs, investis ponctuellement et ou au quotidien. Le rôle d'Aura est donc de coordonner les activités vie sociale, mais aussi de proposer les activités en fonction des demandes des personnes. Le suivi de la participation des résidents aux activités est essentiel dans le cadre du projet individualisé des personnes accueillies.
L’implication de chacun permet cette vie sociale, riche et variée, source d’épanouissement pour les personnes et d’ouverture pour l’établissement.